UN PAYS SE LÈVE

Consultation sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie du 4 Octobre 2020.

La progression indépendantiste, illustrée par les élections provinciales depuis 1989, avec le corps électoral restreint, est constante voire inexorable, contrairement aux affirmations mensongères des anti-indépendantistes.


Le pourcentage de « oui » est passé de 43,33 % à la consultation 2018, à 46,74 % en 2020, soit +3,41 %. 
Si la progression pour la consultation 2022 est identique (+3,41%), alors le oui passerait à 50,16 % (en vert).

Quelles suites pour le camp du « oui » ?

L’engouement indépendantiste, populaire et de notre jeunesse, s’est amplifié et a fait la différence. Il est flagrant et ne va pas se démentir en 2022. Il faut donc le préserver mais aussi davantage se tourner vers d’autres, pour enfin passer la barre. Le travail comme l’enjeu sont considérables et exigent toutes nos forces.

Les loyalistes hésitants sont à contacter plus encore, en utilisant pour convaincre davantage ce qui peut en pénétrer le milieu : les liens familiaux, les adresses emails, leurs réseaux sociaux, mais aussi les courriers et post-contact de l’OPT, etc.
Car pour l’heure, les bruits majoritaires qui courent sur le grand Nouméa sont trop souvent de l’ordre du ragot de bas étage à connotation méprisante voire raciste. Or de nombreux calédoniens qui s’informent peu, s’en contentent, et englués dans cette ambiance ne feront pas l’effort d’aller seuls vers nous.

L’on pourrait aussi se tourner davantage vers les Français : leur influence sur l’attitude du pouvoir, à l’approche de la présidentielle, n’est pas négligeable.

Les grands médias d’influence français pourraient être davantage approchés et renseignés. Les émissions pré consultation de France-Info par exemple ont montré l’ignorance étonnante de commentateurs clé (tel William Kromwel), englués dans des clichés nostalgiques ! Seul Médiapart semble actuellement nous être plutôt favorable, et se fait pilonner par la droite (dont la notre).

Les grands partis progressistes sont sur la touche ; occupés ailleurs contre le gouvernement, ils sont peu informés. Et seule la France Insoumise nous embrasse avec le cœur mais hésite encore. Ainsi, nos soutiens actuels sont-ils pour l’essentiel des groupuscules d’extrême-gauche pour la plupart, dont l’efficacité pour notre cause peut parfois être problématique. Le discours de M. Macron a montré qu’il voudra interpeller les partis sur notre question.

Nous progressons bien dans notre sphère Pacifique, et surtout chez nos voisins, frères et cousins proches et sympathisants. Il ne faudrait pas négliger d’autres voisins, travaillés par la France et plus hésitants, comme la Nouvelle-Zélande ou l’Australie.

Quant à nos « Cadres », qui ont bien mouillé la chemise, ils jouent leur partition.
Le pourcentage de votes indépendantiste a longtemps été évalué à partir du vote pour une liste indépendantiste, municipale ou provinciale. Or des Kanak pouvaient choisir un non indépendantiste pour sa compétence, l’élite Kanak étant restreinte. L’ajustement progressif vient du fait que les leaders Kanak sont de plus en plus compétents et crédibles. Nos leaders ont donc de plus en plus un effet d’entraînement y compris, voire surtout, auprès de non-kanak plus méfiants.
On se demande d’ailleurs si ce n’est pas l’inverse à droite : l’émiettement et les changements de nom incessants, ainsi que les outrances, surenchères et manœuvres de beaucoup de leaders les rendent moins fiables, et certains s’en détournent.
Une idée répandue et parallèle est aussi en train de s’inverser, celle qu’il y a plus de Kanak qui votent contre l’indépendance que de non Kanak qui votent pour.

Nos atouts en 2020 ont aussi été la gestion du Covid (coutumiers vs France), notre volonté nationaliste de préserver l’usine du sud par des considérations « pays », en contraste avec le projet suspect de la droite.
Nos atouts pour 2022 sont, outre notre organisation de terrain exceptionnelle, le fait qu’il n’y aura aucune élection d’ici là. Nous sommes plutôt unis, et nos adversaires se déchirent sur les responsabilités de leurs scores. La dynamique de ces scores est manifestement pour nous.
Mais la victoire ne sera douce qu’avec un résultat supérieur au prolongement de celui de 2020 : 50,1 % serait source de toutes les contestations.
Autre atout sur ce point, les nouveaux jeunes qui arrivent, les départs d’adversaires parfois racistes (dont certains repartis … au Vanuatu !), la poursuite de la préparation du pays : les demandes de transferts et autres propositions en cours sont encourageants, pour peu que l’Éveil Océanien nous y donne son appui.
L’État français, entravé par la droite pour affiner ses propositions sur la période de transition, devrait le faire prochainement si l’on en croit le discours de M. Macron, ce qui calmera des inquiétudes.

Il est bien peu probable qu’il y ait des concertations sérieuses avant les résultats du 3e référendum, mais les protagonistes déclareront le contraire pour ne pas paraître intransigeants, et pour donner l’idée que c’est l’adversaire qui ne veut pas dialoguer.
Car la droite espérera, encore, faire mieux à la dernière consultation, et négocier ses propositions avec un rapport de force plus favorable. Elle ne va pas renoncer à dégeler le corps électoral, qui est son unique espoir de garder une majorité pour longtemps, vue la tendance actuelle.
Et finalement ce sera le dernier round qui arbitrera pour la suite : les indépendantistes ne vont pas se suicider en négociant l’aggravation de leur minorité ou en laissant à la droite son rêve de garder pour elle la province sud (avec les 91 % de Oui de Yaté, les 86 % de Thio, ou même les 70 % de L’île des Pins !).
Car de plus, il n’y a pas grand espoir que la France se mette à décoloniser activement, volontairement, telle la Nouvelle-Zélande autrefois, en amie de ses colonies. M. Macron a défini pour nous nos défis (néocolonialisme ?) : ils sont « l’indo-Pacifique, le développement économique et le défi climatique ». Un peu ... à l'ouest ?!
Quand Alain Christnacht alerte, lui, que « La crainte d’une submersion complète de la population kanak ne peut qu’être un stimulant puissant d’une revendication indépendantiste y compris désespérée ».

Pendant ce temps, la droite ‘balade’ ses troupes pour se justifier...

- Pour 2018 ils nous disaient qu’ils n’avaient pas tous été voter, la faute aux sondages qui les donnaient trop gagnants. Et là, on allait voir. Mais non, ils ont encore moins pas assez gagné ! Et Mme Backès dit maintenant que « les abstentionnistes de 2018 étaient davantage du côté du oui » (LNC 5/10/20/20). Les chiffres montrent, eux, que l’abstention était quasi équivalente dans les deux camps.

- Ils veulent moins aller plus vite pour la 3ème consultation, et même plus pas du tout. Ils se contredisent sans cesse sur les consultations, alors qu’ils sont presque tous issus de partis qui ont signé l’accord de Nouméa. Après un forcing farouche pour « purger » l’indépendance en accélérant, voilà que Mme Backès nous rejoint : « Il ne faudrait pas qu’on se retrouve avec le 3ème référendum au milieu de la campagne présidentielle de 2022. » (LNC 5/10/2020). Donc ce sera après ? Car la campagne, elle, a quasiment déjà commencé ! A moins qu’ils rejoignent Calédonie Ensemble, contre la 3ème consultation ?
Les indépendantistes, eux, suivent l’ADN avec constance, et déclencheront cette 3ème consultation légale.

- Ils jouent les pleureurs indignés sur les raisons de leur insuccès, venant d’un complot du Président Macron avec les indépendantistes sans doute.
La question serait en fait mal posée ! Car il serait plus difficile de dire Non que Oui  ! Sans doute était-ce pour compenser ce lourd handicap que leur camp avait exigé que le mot indépendant figure en plus du mot souverain dans la question posée, alors que seul ce dernier mot est écrit (8 fois) dans l’ADN. C’est que Indépendant est supposé faire peur.
- Ils disent que le corps électoral est injuste, sans dire que les non votants le sont parce que le pays est engagé avec l’ONU (résolution du 2/12/1986, à 86 voix contre 24) dans une décolonisation, après des années de colonisation de peuplement, et sans dire que l’ADN que leur camp a signé explique qui ne doit pas voter aux consultations et pourquoi. Ce qu’ils avaient déjà évité de préciser aux arrivants.
- Ils se plaignent de la non inscription automatique des derniers natifs après 2018, sans préciser que ça avait été un passe-droit, fait et accepté pour 2018 seulement, afin de parer à l’urgence. L’inscription automatique des gens de statut coutumier est logique et simplificatrice puisqu’il est inutile de contrôler leur légitimité à voter. Qu’ils aillent ensuite voter est le vrai enjeu et là, les jeunes loyalistes qui ont reçu des courriers du Haussaire pour s’inscrire ont été bien peu nombreux à y répondre.
Par ailleurs, ils oublient les changements de règle du jeu à leur avantage, dont l’utilisation du bleu/blanc/rouge, illégal en France, et alors même que les français ne sont pas anti-indépendance.
Ils oublient aussi l’arsenal impressionnant à leur disposition dans leurs camps : Macron-le-neutre qui explique son souhait que « La France soit plus belle » en gardant la NC (et son parti qui soutient le Non) ; deux députes loyalistes élus grace au bidouillage des circonscriptions ; l’unique quotidien également à leur service, TV et Radio d’État qui penchent discrètement ; de gros moyens avec les petits copains pour faire des meetings gamelle, repas gratuits inclus, etc.

La mauvaise foi continue avec les résultats présents et à venir.
M. Metzdorf est catégorique, à défaut d’explicatif : « rien ne changera au troisième référendum ». Imprudent. Mme Backès s’essaye aux maths : « nous comptabilisions 78 000 voix en 2018, nous avons réalisé 81 000 voix cette année. Il n’y a donc pas de voix qui ont basculé du côté du Oui. (…) En clair, il n’y a pas de progression du camp de l’indépendance ! ». Elle oublie un fait mathématique : s’ils n’ont eu que 3 000 voix supplémentaires (et les indépendantistes 11 000), ça peut être parce que 5 000 abstentionnistes de leur camp sont allés voter Non, et que … 2000 Non sont passés au Oui. Par exemple.

Au bilan, les « loyalistes » ont fait une campagne globalement méprisante voire méprisable.
En faisant peur sur une perte de nationalité française qui n’aurait pas lieu s’ils veulent la garder selon tous les experts (dont A. Christnacht).
En listant de façon rabaissante pour le pays nos incompétences supposées dans tous les domaines, justice, délinquance, médias, enseignement, économie (y associant encore le Vanuatu contre toute logique), etc.
En commandant des sondages qu’ils ont cachés.

Et surtout en suggérant de casser le pays en morceaux pour garder leurs privilèges dans leur place forte, voire pour les amplifier, au mépris de l’intérêt général, et en prétendant qu’on s’en porterait tous mieux !
De ce fait, ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient.
Et la conclusion devient de plus en plus que l’intérêt global du pays passe par l’indépendance.

loyalistes Consultation 2020 résultats atouts

Ajouter un commentaire